Le fonds euro-croissance (ou fonds eurocroissance) : fonctionnement, analyse, avis

Depuis 2014, année de sa création, le fonds euro-croissance (ou fonds eurocroissance) est la nouvelle forme d’investissement sécurisé et s’instaure comme le « maillon » entre le fonds en euros traditionnel et les OPCVM (fonds communs de placement ou SICAV). Son objectif de rendement est plus important que le premier cité mais contrairement à lui n’est garanti qu’à la condition de placer votre argent durant huit années au minimum (voire plus)… L’avantage est de percevoir un rendement tout de même supérieur à celui-ci… Explications de ce placement qui reste assez peu connu…

Définition d’un fonds euro-croissance

Les fonds euro croissance sont des fonds diversifiés caractérisés par la sécurisation du capital investi à l’échéance. On constate celle-ci généralement après huit années. On peut le comparer à une solution entre le fonds en euros et un OPCVM au profil prudent (voire à un produit structuré avec le capital garanti à l’échéance). 

Parfois cette durée de conservation est même plus importante. Pendant cette période, le fonds euro-croissance se rapproche plus d’un OPCVM.

En réalité, c’est cette durée non sécurisée qui permet à l’assureur de générer un rendement supérieur aux fonds en euros traditionnels. Puisque celui-ci n’est pas garanti pour l’épargnant, il est permis d’élargir le périmètre de risque et donc de générer un rendement plus acceptable. Plus l’échéance se rapproche et plus l’assureur va sécuriser son approche et diminuer le risque pris. Ce qui sera gagné sera ainsi sécurisé. 

Il existe des fonds dont la garantie n’est pas égale à 100 % à l’échéance. Dans ces-cas là, on parle de fonds croissance (et non eurocroissance). Autre particularité, il existe des contrats monosupports (un seul support d’investissement), non éligibles aux Unités de compte (UC) ou aux fonds en euros. Ils se nomment alors contrats eurocroissances. 

Fonctionnement des fonds euro-croissance

Il y a une obligation de garantie qui doit être fixée et respectée initialement. Comme nous l’évoquions, elle est généralement de huit années mais cela varie en fonction des fonds. 

Le fonds euro-croissance est construit autour d’une stratégie bicéphale cumulant une provision mathématique en euro (comme pour le fonds en euro) et une provision liée à la diversification. La loi PACTE (22 Mai 2019) dont nous parlons ci-après a rendu plus souple le modèle. Le but étant bien entendu de générer un rendement plus satisfaisant que les solutions garanties actuelles. Il a fallu délester les assureurs de certaines contraintes qui allaient à l’encontre de cette possibilité de rendement supérieur. 

 

Les rendements des fonds euro-croissance sont articulés autour d’un axe de temps et peut se résumer ainsi :

plus l’échéance est longue et plus l’assureur va pouvoir maximiser le risque. En effet, il va ajuster sa stratégie en fonction des opportunités de marché et aura également plus de temps pour changer ses positions si un krach ou simplement une tendance baissière arrive. 

On le voit une nouvelle fois sur les résultats des fonds euro-croissance actuels. Plus l’échéance est longue, plus ceux-ci sont potentiellement élevés. La volatilité acceptable pour l’assureur en est logiquement grandi.

La liquidité dans les fonds euro-croissance 

Rien ne vous interdit de récupérer votre argent à n’importe quel moment. En revanche, contrairement aux fonds euros, la valeur rachetée sera fonction de la valorisation du fonds à l’instant de son rachat. On peut penser que même si la phase est baissière, il n’y aura pas de cataclysme, en revanche, la « progression » du fonds peut être négative à certaines périodes ! 
 

La fiscalité des fonds euro-croissance

La fiscalité des fonds euro-croissance est celle de l’assurance vie (lire notre article sur la fiscalité de l’assurance vie) ou de votre enveloppe fiscale. On peut le retrouver bien sûr dans un contrat de capitalisation voire un contrat Luxembourgeois. Il est également proposé dans les Plan d’Epargne Retraite (PER).

La fiscalité ne sera ponctionnée que sur la plus-value. 

En revanche, concernant les prélèvements sociaux, elle n’est comptabilisée qu’à partir de l’échéance du fonds. C’est un point positif. Cela compense cette durée longue de non sécurisation.

Petit rappel de la comptabilisation des prélèvements sociaux concernant les fonds en euros : dès l’inscription en compte du bénéficie, l’assureur les prélève. Le rendement versé est net de frais de gestion et de prélèvements sociaux. C’est donc différent du fonds euro croissance qui comme les OPCVM sont payés au moment du rachat…

Pourquoi la création des fonds euro-croissance ?

Les fonds euro-croissances ont été créés en 2014. La loi PACTE a changé la structure de ces derniers qui ne trouvaient pas le succès espéré. Ce type de fonds était motivé par différents objectifs :

  • Pousser l’épargnant à investir dans des UC (Unités de Compte) par l’intermédiaire de ces fonds et ainsi investir dans l’économie réelle (PME, PMI, ETI…),
  • permettre à l’épargnant de percevoir un rendement supérieur aux fonds en euros,
  • alléger le montant garanti et investi par l’assureur (le risque étant porté par le gérant),
  • diversifier l’épargne des français en les faisant investir dans des actifs autres que des obligations d’état au rendement tendant vers zéro et inférieur à l’inflation…

Les différences avec le fonds en euros

Le fonds euro génère un rendement distribué et capitalisé (l’effet cliquet des intérêts perçus). Cela n’existe tout simplement pas dans les fonds euro-croissances. La garantie du rendement capitalisé n’est valable qu’à l’échéance. L’autre différence réside dans la sécurisation. Nous en avons parlé au dessus, le fonds est garanti après l’échéance…

Les différences avec un organisme de placement collectif de valeur mobilière (OPCVM)

Un OPCVM est une diversification d’actifs (actions, obligations, instruments financiers…). Dans la structure, cela s’apparente à un OPCVM. Dans les faits, sans reparler de la garantie qui n’existe pas dans les Unités de compte, la notion de provision est plus grande pour les fonds euro-croissances. Il faut toutefois que le fonds euro-croissance jauge le risque. Il ne va pas être géré comme un OPCVM catégorisé par un risque SRI 7, par exemple… (lire notre article sur les OPCVM).

 

Ce qui a changé depuis la loi PACTE

Depuis la loi PACTE (22 Mai 2019), les fonds eurocroissances ont subi quelques changements. En effet, comme évoqué, ils ne brillaient pas par leur attractivité. Le modèle a été simplifié.

A la base, deux formules « cohabitent » :

  • une provision technique (mathématique) qui s’apparente à celle des fonds euro (poche obligataire). Elle augmente en fonction des taux d’intérêts et converge vers le montant garanti à l’échéance.  
  • une provision de diversification : c’est la poche investie en actions. C’est la partie dynamisée qui va servir à aller « chercher le rendement ». Elle évolue en fonction de la durée restante avant le contrat, de sa propre performance et des taux d’intérêts. 

C’est une nouveauté de la loi PACTE, Il y a dorénavant la possibilité de choisir sa durée d’investissement. Plus celle-ci est importante, plus la provision de diversification sera élevée. C’est également l’une des nouveautés de 2019. 

On le remarque,de manière synthétique, le fonds se compose globalement d’une poche en monétaire, une poche d’obligations et une poche en actions. Plus l’horizon de placement est loin, plus cette poche sera importante. Cela change également en fonction de la période sur les marchés. 

Pour palier à un rendement faible par rapport aux concessions faites (si on le compare aux fonds en euro), la loi a changé afin de pouvoir générer un risque plus important et donc un rendement  plus intéressant. Il a été envisagé une autre approche pour rendre cette solution plus attractive. 

Les performances des fonds euro-croissance (liste des fonds)

Nom du FONDS EUROCROISSANCE Assureur20232022Rendement annualiséDepuis l’origineNiveaux de garantiesÉchéancesFrais de gestion annuels
EUROCROISSANCE RETRAITEBNP PARIBAS100 %8 ans1.25 %
EUROCROISSANCE PATRIMOINEBNP PARIBAS CARDIF**100 %De 8 à 30 ans1.25 %
AFER EUROCROISSANCEAVIVA1.8500.72100 %10 ans0.89 %
CNP EUROCROISSANCE 100CNP ASSURANCES100 %12 ans0.97 %
G CROISSANCEGENERALI3.620.132.046.64
GENERALI CROISSANCE DURABLEGENERALI3.610.093.233.68De 80% à 100%De 8 à 30 ans1.20 %
FONDS CROISSANCEAXA3.303.302.98100 %8 ans0.8 %
AGIPI EURO CROISSANCEAXA3.873.803.4110.59100 %8 ans0.6 %
PREPAR AVENIR 100PEPAR VIE 2.01-0.234.82100 %15 ans0.7 %
Fonds Croissance CoralisAXA3.093.121.99

Notre avis

Si sur le papier l’idée peut être attrayante, dans les faits, l’avantage d’un tel fonds me paraît désuet si on le compare à un bon fonds euro couplé avec des Unités de Compte (je vous laisse lire notre article sur les performances des fonds en euros).

Les dernières hausses des taux et les bonus commerciaux proposés sur les fonds en euros par les assureurs, ont encore fait perdre un peu encore de l’attractivité des fonds euro-croissance. 

La durée faisant le même effet pour tout actif financier, pourquoi ne pas prendre un peu plus de risque sur une partie faible de l’allocation. Il est légitime de bien comparer les deux modèles. 

Certes, la flexibilité pour l’assureur est plus importante que sur un fonds en euro où le capital est garanti. Il est clair que la nouvelle génération de fonds est plus souple et devrait être plus performante. Mais la différence reste anecdotique voire défavorable . Il serait même plus faible si on le compare à une allocation  d’un des meilleurs fonds et un OPCVM. 

Exemple chiffré  

Rendement d’une allocation fonds en euros (représente 60 % de l’investissement)qui a distribué un rendement de 2,5 %  et  des OPCVM au « risque modéré » au rendement moyen à 4 % (40 % du capital). 

60 000 * 1,025 + 40 000 * 1,04 = 103 100 €. Le capital garanti sera de 61 500 € et la valorisation des OPCVM de 41 600 €.

Rendement d’un fonds eurocroissance  à 3 % sur un an

100 000 * 1,03 = 103 000 €. A la fin de l’année, le fonds eurocroissance sera valorisé à 103 000 €. 

Le fonds eurocroissance pourrait être considéré comme un outil pédagogique pour montrer le gain que l’on peut faire sur du long terme en s’imposant un peu plus de risque  que sur des OAT (Obligations Assimilables au Trésor) qui composent les fonds euro. De nos jours, Il n’y a pas besoin de prendre un risque inconsidéré pour percevoir un rendement supérieur à ces derniers. 

La volatilité est lissée grâce au temps. La durée de huit années minimum avant la sécurisation est une donnée prudente pour que l’assurance puisse donner satisfaction à l’épargnant. Elle concorde souvent à la durée minimum de l’assurance vie pour une optimisation fiscale lors du rachat. 

Quelques questions à se poser ? 

Est-il possible de faire mieux qu’un de fonds euro-croissance ? 

Nous avons fait le tour de la question et nous pensons effectivement qu’il y a mieux sur le marché pour un profil prudent (et également équilibré). L’autre avantage serait de ne pas devoir respecter un temps d’immobilisation des fonds pour garantir la objectif de rendement…

Est-ce que la durée de plus de huit ans est compensée par le niveau de rémunération nette du fonds ? 

Là encore, nous sommes sceptiques. Si l’on se réfère aux fonds en euros nouvelles générations et une allocation d’actifs à hauteur de 25 ou 50 % en Unités de comptes, normalement, le fonds en euros croissance est battu sur la durée. 

Bien que la collecte est mitigée, il devrait y avoir de plus en plus de ces fonds pour répondre aux problématiques soulignées dans le paragraphe qui traite des raisons de la créations des fonds eurocroissance. Pour ma part, je doute que cette solution qui abroge peu à peu un système avantageux trouve sa place rapidement…

 

Si cela vous rassure, à la rigueur, vous pouvez opter pour ces contrats tout en regardant la qualité globale de l’allocation et l’ouverture de l’architecture de l’assurance vie ou du Plan d’Epargne Retraite. Si votre horizon de placement est de huit ans, il y a clairement mieux, sauf si vous êtes sûr de ne pas utiliser vos fonds durant cette période et que vous recherchez le risque 0. 

Conclusion

Ce qu’il faut retenir : c’est que le fonds eurocroissance est la réponse des assureurs et des politiques pour palier à un changement économique majeur impactant l’épargne des français à une époque où les taux étaient très bas et les obligations composant les fonds en euros avaient un rendement dérisoire. 

Cette solution est-elle efficace ? Les changements récents de la loi PACTE prouvent, en plus des résultats en deçà de ce qui était objectivé que les fonds eurocroissance pouvaient être optimisés et qu’il ne répondaient pas à la demande initiale des épargnants qui sont habitués à un cadre favorable et précis de fonds en euros.

Si l’on se place dans un objectif de garantie, c’est sûr que la durée de placement de huit années minimum est un changement. La véritable question est de savoir si un placement en OPCVM qui n’est pas garanti au bout de huit ans sécurise mathématiquement le capital. En effet, la diversification d’actifs ajoutée à la durée permettent une rentabilité et un couple rendement par rapport au risque favorable. Tout dépend bien évidemment de la stratégie et de la qualité des actifs sélectionnés.

 

N’hésitez pas à nous contacter afin de faire un bilan de votre projet et bénéficier de nos conseils. 

Pour avoir des informations supplémentaires ou investir dans un fonds eurocroissance,
complétez le bordereau ci-après ou contactez-nous par téléphone au 01 87 42 16 27