Pourquoi le fonds en euros baisse et quelles sont les solutions pour moins en pâtir ?

Le fonds en euros est un placement dont le capital est réputé garanti. Il est distribué par les assureurs et se retrouve notamment dans l’assurance vie ou certains Plan d’Epargne Retraite. Il permet de générer un rendement supérieur aux livrets traditionnels tout en gardant la possibilité de récupérer son argent n’importe quand.

Le fonds en euros fait débat actuellement notamment en interne, dans les banques et les assurances. Depuis quelques années, nous assistons à l’érosion de son rendement qui ne ravit évidemment pas l’épargnant et qui soulève bien d’autres problématiques, notamment celles qui nous confrontent aux taux historiquement et étonnamment bas…

Au-delà de cela, la question du risque sur une période de taux bas persistant et qui devrait perdurer fait écho. Des solutions pour mieux rémunérer l’épargne des Français ont certes abouti, mais historiquement, le pays n’a jamais eu la culture ni le profil appétent pour la finance.

Notre rôle est donc de bien expliquer quels sont les enjeux et quels en sont les risques afin de performer sans trop compromettre le capital investi.

Durant ces prochaines lignes, je vous fais part d’une synthèse de cette problématique concernant le fond en euros, de ses projections et des questions qui en émanent pour les instances telles l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) , pour les assureurs et bien entendu pour les épargnants.

Pourquoi le fonds euro a ce succès ?

La nature même du fonds en euros permet de résoudre cette question. C’est un placement sécuritaire, liquide, que l’on peut transmettre à un bénéficiaire grâce au contrat d’Assurance Vie et qui dispose d’une fiscalité optimisée avec le temps.

La France est un pays d’épargnant, où le taux d’épargne est supérieur à 12 % du revenu disponible brut… Les sommes épargnées sont placées sur des supports peu voire très peu risquées, contrairement à d’autres états tels que la Grande Bretagne ou les Etats Unis ou encore l’Allemagne où l’investissement dans les entreprises est culturel. 

Son histoire, ses guerres, ainsi qu’une position « d’Etat providence » a fait émaner pour la population un sens de la prudence et ériger des solutions adaptées, souples et sécurisantes notamment par les livrets réglementaires garantis (livret A ou LDD…) et le fond euro.

Les perspectives de gains plus forts n’ont pas forcément incité les Français à se diriger vers des actifs plus risqués. Historiquement ils ont toujours préféré un axe immobilier tangible où la garantie de l’épargne plutôt que des solutions financières plus incertaines…  Encore aujourd’hui, près de 70 % à 80 % de l’argent versé sur l’assurance vie est alloué sur les fonds euro.

Par la conjoncture « essoufflée » que nous vivons depuis des années, par cette politique de taux anormaux et aux perspectives de ralentissement économique mondiale, nous assistons et subissons peu à peu à un changement de l’ossature de l’épargne en France.

Heureusement, il y a des solutions.

1. Définition du fond euro

Comme évoqué, le fond euro se trouve dans les contrats d’assurance vie (assurance vie- contrat de capitalisation – PERP – Madelin). Les versements y sont garantis et les intérêts qui le rémunèrent sont capitalisés.  vous ne pouvez également plus les « perdre ». Enfin, vous pouvez récupérer votre argent à tout moment. Un fonds euro est donc liquide (sauf dans certains cas sur des fonds nouvelles génération). 

Intéressons-nous plus en détail à ces éléments :

1.1 La garantie du capital

Tous les versements effectués sur un fond euro au sein d’une une assurance vie (net de droits d’entrée) ne peuvent pas être perdus. Contrairement à des unités de compte (UC) (OPCVM, SCPI, SCI, OPCVI…) vous n’avez pas à supporter les fluctuations de leur valeur. En d’autres termes, ce n’est pas directement à l’investisseur de porter le risque mais à l’assureur. La réglementation des fonds euro est extrêmement rigoureuse et tout cela est bien entendu contrôlé, notamment par l’ACPR.

Quand nous parlons de placements garantis, il est évident que si un assureur fait faillite, votre fonds euro ou autre somme (toutes typologie d’actif) sur le contrat d’assurance vie ne sera garanti qu’à hauteur de 70 000 euros par déposant et par société d’assurance (voire 90 000 euros pour les héritiers bénéficiant d’une rente résultant d’une assurance décès, ou pour les rentes d’incapacité ou d’invalidité). Cela reste heureusement peu probable .

1.2 L’effet cliquet des intérêts perçus

Tout intérêt versé sur votre contrat d’assurance vie ne peut plus être perdu. Il est capitalisé. D’où l’image du cliquet qui empêcherait la fuite de capitaux une fois le rendement obtenu. C’est donc une situation confortable puisque garantie en opposition à d’autres classes d’actifs éligibles à l’assurance vie (Unités de compte).

1.3 La liquidité 

Votre fond euro est normalement liquide. C’est-à-dire que vous pouvez récupérer votre argent à n’importe quel moment. Cela étant dit, les fonds euro « nouvelles générations » ne respectent parfois pas ce point. Il faut se référer aux statuts du fonds. C’est le terme plus friable de la définition.

Petit point sur les approximations que nous pouvons trouver régulièrement dans certains médias :

En effet, parfois l’assurance vie est confondue avec son fond euro. Il faut arrêter avec cette vision étriquée qui consiste à amalgamer le contrat d’assurance vie et le fond euro : l’un est le contenant tandis que l’autre est une possibilité d’investissement parmi d’autres.

L’autre aspect souvent communiqué est sa fiscalité ou son absence de liquidité : l’assurance vie permet de récupérer son argent lorsque vous le désirez. Sa fiscalité n’est ponctionnée que sur les intérêts qui correspondent à son capital racheté.

Vous pouvez donc récupérer votre argent à n’importe quel moment. Je vous invite à lire notre guide sur l’assurance vie qui relate de cela et également pourquoi pas notre article concernant les placements garantis.

2. La rémunération du fonds euro

La rémunération, ou rendement, du fonds euro se compose de deux éléments: le taux d’intérêt technique ainsi que de la participation aux bénéfices.

2.1 Le taux technique

L’assureur s’engage à rémunérer un taux minimum. Ceci n’est pas obligatoire et par le passé certains assureurs sont tombés dans leur propre piège. Ils ne s’attendaient pas du tout à une politique de taux faible qui a plombé littéralement les performances. Autant dire que si ce taux technique est plus important que la performance du fonds, l’assureur perdra de l’argent…

2.3 La participation aux bénéfices

Les assureurs ont l’obligation de verser au moins 85 % de leur bénéfices financier et 90 % des bénéfices techniques (c’est la différence entre les frais réels et les frais facturés par l’assureur).  Elle est versée tous les 31 Janvier de chaque année (correspond à l’année antérieure).

Dans sa gestion, l’assureur a le droit de créer des réserves (tous ses bénéfices ne sont pas distribués) qu’il pourra distribuer dans les 8 années qui suivent. Cela permet de lisser le rendement et de ne pas subir trop de volatilité (ou devrais-je préciser, de baisse). C’est la provision pour participation aux bénéfices. Là encore, les prédictions de réserves s’amenuisent par la baisse des taux directeurs.

 3. Fonctionnement et composition

Comme vous pouvez le constater, rien dans la définition du fond euro n’impose sa composition. En théorie, il pourrait être composé d’actifs plus risqués que ceux que nous y trouvons. Evidemment, comme le risque n’est pas supporté par l’investisseur directement, c’est donc l’assureur qui va devoir garantir par ses fonds propres le capital investi… Vous imaginez bien dès lors l’application qu’aura cette entité, à juste titre à sélectionner des actifs peu risqués.

L’intérêt est substantiel pour l’assureur de choisir massivement dans ce type de fonds, des obligations d’état (OAT – Obligation assimilable au trésor) où le risque de défaut ou de liquidité s’avère être extrêmement faible, par la qualité du débiteur.

Ce rendement est d’ailleurs calculé selon les agences de notation qui vont noter les états (ou les entreprises) et la qualité de leur dette. Plus un état est sûr, moins la rémunération sera importante. C’est le risque qui rémunère…

A une époque relativement proche encore, les états se refinançaient à des taux plus importants, dès lors, les rendements générés contentaient le plus grand nombre d’individus. Ce n’est maintenant plus le cas.

Pour bien comprendre le fonctionnement, lorsqu’un assureur détient une OAT, celle-ci va lui procurer un rendement (coupons) durant ce que nous appelons la duration (durée). Elle va ensuite récupérer la valeur nominale à l’échéance (lorsque l’obligation se termine) et la réinvestir dans une obligation probablement équivalente.

 La différence se trouve ici : il y a quelques années, la même obligation distribuait 4 ou 5 % alors que maintenant, ces capitaux réinvestis dans une OAT va probablement en distribuer moins de 1 % (tout dépend comme évoqué de la « qualité » de la dette de cet état)…

La figure suivante illustre une comparaison de l’OCDE sur la diminution des taux depuis plus de dix ans :

Nous pouvons constater la même direction et l’influence voire la corrélation entre les OAT et la baisse du fonds euro…

Pour 2019, cette baisse se poursuit et les perspectives de continuité de taux bas est une logique assez peu combattue, même si cela paraît sous certains aspects peu naturels.

4. Les catégories de fonds euro

Depuis quelques années, des solutions tentent d’être trouvées. L’objectif serait au moins de distribuer de manière régulière un rendement au-dessus de l’inflation tout en sécurisant l’épargne des gens.

4.1 Les fonds euro généraux ou fonds euro classiques

Comme nous l’avons évoqué, les fonds euro sont composés massivement d’OAT (Obligations assimilables au trésor) ou d’obligations d’entreprises (obligations corporates), peu risquées car le choix va se porter sur des émetteurs disposant d’une ossature économique fiable. On y retrouve en plus petite proportion de l’immobilier et des actions.

Nous assistons, comme évoqué à l’instant depuis quelques années à une érosion importante des fonds euros exclusivement due à la baisse des rendements obligataires. La politique monétaire ayant réduit la voilure.

Comment ont évolué les solutions d’épargne sécuritaires depuis 2008 ?

Depuis le krach boursier, nous pouvons observer plusieurs phénomènes (figure 2).

Tous les rendements des placements garantis ont diminués sur la période. Tous les trends sont négatifs.

Le rendement d’un livret A varie en fonction de plusieurs paramètres que nous indiquons dans un autre article (lien). La distribution de revenu n’est donc pas liée à la date de souscription, contrairement au PEL dont on fige le rendement par rapport à la date de souscription. Sa fiscalité (et prélèvements sociaux) a quant à elle bien évolué également.

L’inflation a quant à elle était plus volatile. A partir de 2009, elle augmente puis se stabilise en 2011 puis a encore diminué jusqu’en 2015. A partir de cette date, nous pouvons observer une augmentation. Rappelons-nous que l’objectif d’inflation de la BCE est de 2 %.

Ainsi, vous admettrez qu’en 2018, vous ne gagnez plus d’argent si vous placez votre épargne sur un fond euro. Vous perdez même de l’argent si vous vous contentez d’un livret A ou d’un nouveau PEL…

4.2 Les fonds euro nouvelles générations ou boostés

Pour donner une réponse aux épargnants et tenter de l’inciter à investir chez eux, les assureurs ont créé des fonds euro nouvelle génération, qui sont investis en partie en immobilier ou/et en supports financiers plus dynamique. La définition reste toutefois la même (sauf parfois pour la liquidité).

Il s’agit d’augmenter la proportion d’actifs financiers ou immobiliers par rapport au format obligataire.

Les fonds en euros typés : 
  • immobiliers,
  • financiers (plus dynamique).

Ces fonds ne sont généralement pas éligibles à 100 % de votre versement initial. Le montant du versement varie en fonction du contrat. On peut les considérer comme des produits d’appel.  Beaucoup ne sont d’ailleurs pas éligibles dans les versements programmés.

Comme la typologie d’actifs investie par l’assureur est plus volatile, donc plus risquée, elle pourra moins s’employer. J’ai mis en exergue trois des principaux fonds nouvelles génération que vous pouvez trouver sur le marché par rapport à la moyenne des fonds généraux afin d’avoir une vision réaliste des choses.

Nous pouvons constater la différence de volatilité et de rendement distribué entre un fonds boosté par de l’immobilier sur SECURITE PIERRE EURO (de l’assureur SURAVENIR) ou Euro Allocation long terme I&II (de l’assureur SPIRICA) et un fonds euro plus typé financier tel sécurité Target + (par ORADEA VIE).

Globalement, même si le fonds Target + est plus volatile, sur la période il est plus rentable.

Si je montre ce graphique, c’est aussi pour mettre en évidence un principe bien simple qui existe bien évidemment sur les marchés financiers :  sur le long terme, la volatilité est lissée. C’est-à-dire que même si certaines années, vous percevez un rendement plus faible, avec une vision plus « long terme », la performance est supérieure.

Si vous voulez faire des rachats de votre assurance vie (récupérer votre argent en partie ou totalement), une typologie d’actifs moins volatile telle l’immobilier semble adaptée.

Avec quoi coupler le fonds euro boosté ?

Comme il n’est normalement pas permis de placer 100 % de votre placement sur un fonds euro nouvelle génération, nous sommes dans l’obligation d’allouer une partie de votre versement sur des Unités de Compte (UC) : OPCVM, immobilier (SCI, SCI, OPCI), produits structurés, voire un fond euro général ou même des titres vifs.

Tout va dépendre de votre profil de risque. De l’immobilier telles des SCPI, une SCI ou pourquoi pas des OPCI peuvent être intéressants si vous cherchez un placement disposant de peu de risques. Globalement, les actifs qui composent un fonds euro nouvelle génération typé immobilier et de l’investissement dans les actifs nommés sont presque identiques…

L’avantage d’un fonds immobilier est que sa volatilité est moins importante que celle que l’on va retrouver sur un investissement financier.

Si votre horizon de placement est assez long, n’hésitez pas à investir sur des OPCVM. Il faut être bien accompagné pour ne pas faire d’erreurs. Il faut également être prêt à subir potentiellement des variations sur la valeur des actifs.

Il est évident qu’un contrat d’assurance vie à architecture ouverte est la base Pour votre investissement et ainsi garder des possibilités larges d’allocation (et donc qualitatif) par un référencement plus important. (lien)

Sur du long terme avec une capacité à supporter et à comprendre le principe de la volatilité, la solution devrait porter ses fruits, avec une préférence pour une entrée sur un point bas ainsi que des versements complémentaires.

Figure 5. Différence entre la moyenne du fond euro et la moyenne des SCPI de 2008 à 2018 (ainsi que l’augmentation moyenne de leur valeur)

Nous pouvons par ce graphique bien voir la différence entre la baisse de rémunération des fonds euro et celle de la rémunération des SCPI (Société Civile de Placement en Immobilier) qui elles, prennent de la valeur très régulièrement.

D’autres solutions existent tels des produits structurés ou des fonds euro-croissance qui n’eurent pas le succès escompté. Des articles dédiés à ces sujets seront prochainement postés.

Conclusion

Nous sommes à la croisée des chemins. Si nous assistons à une augmentation des taux dans les mois ou les années à venir, cela ne pourra pas se faire de manière trop rapide. En effet, le financement des retraites, du chômage et bien entendu la proportion de la dette n’en serait que plus problématique pour l’état. D’ailleurs, en perspective, les taux bas devraient normalement perdurer.

La solution pour l’épargnant, afin de garantir son capital et de percevoir un rendement correct est de diversifier ses placements. Il faut évidemment bien déterminer son appétence aux risques (capacité à accepter la volatilité) ainsi que votre horizon de placement. Il faut également bien prendre en considération le patrimoine global de l’individu.

Le fonds en euros ne doit plus être une sorte de socle patrimonial mais bien être considéré comme une classe d’actifs à part entière.

C’est également ce que préconise l’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution).

Le modèle de gestion doit être revu car si les taux remontent, ce qui semble à moyen terme peu probable, cela entrainerait les assureurs dans certaines difficultés. Les épargnants reprendraient leurs avoirs pour les placer sur des actifs plus rémunérateurs…

Si en revanche, les taux diminuent, cela pourrait amener à une crise liée au rendement. Il y a donc un véritable consensus à opérer quant à l’allocation qui doit évoluer afin d’accompagner l’investisseur…

N’hésitez aucun instant à nous contacter par mail ou par téléphone pour avoir des indications complémentaires sur nos propositions et établir un audit patrimonial. Nous serons ravis de vous accompagner dans vos démarches.

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